LeS dOiGtS bLeUs
"Je toucherai le ciel et j'aurai les doigts bleus"
www.lesdoigtsbleus.com
Les ombres sont chinoises
Bonjour à toutes et à tous !
C'est toujours un plaisir de vous retrouver pour notre rendez-vous poétique mensuel. Ce mois-ci nous avons sélectionné pour vous des poèmes américains, libanais, tchèques, français, espagnols, anglais, turcs et persans : un beau voyage en perspective !
Le petit bonus du mois (en pièce jointe) se compose de deux longs poèmes de Roald Dahl (l'auteur de Charlie et la chocolaterie) et d'un mp3 de Zachary Richard récitant un de ses poèmes. Vous m'en direz des nouvelles.
En ce qui concerne les sites web des dOiGtS bLeUs, je vous invite à venir faire un tour sur le nouveau site du Musée Imaginaire où nous avons organisé une petite expo sur les peintres de la Harlem Renaissance ( http://museeimaginaire.tripod.com). Venez également jeter un oeil sur Sykamore Magazine ( www.sykamore-magazine.fr.st) et prêter l'oreille au nouvel épisode de notre série audio poétique Freak Show (à partir de la semaine prochaine sur www.sykamore-television.fr.st).
Et maintenant, mesdames et messieurs, le MENU !!! :
Poèmes en français (en blanc) :
Poèmes en anglais (en bleu) :
Poem de Juan Ramon Jimenez
Bonne lecture à toutes et à tous
Très bon mois
Keyvan
Collectif LeS dOiGtS bLeUS
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Hi Everyone !
It's always a pleasure to send you this monthly poetic letter. This time we chose poems from all over the world for you (Zschech Republic, England, United States, Turkey, Persia, Spain, France and Lebanon). We also chose works in very different styles (from old sufi prayers to rap lyrics).
The bonuses this month are a couple of brilliant poems by Roald Dahl and a mp3 file of singer Zachary Richard reciting his own verse.
New things on the sites are the exhibition of painters of the Harlem Renaissance on the new version of the Imaginary Museum ( http://museeimaginaire.tripod.com) and next week the new episode of our audio series "Freak Show" which will be downloadable on www.sykamore.com
And now the menu !
Poems in English (in blue) :
Poem by Juan Ramon Jimenez
Poems in French (in white) :
I hope you'll like these poems !
Take Good care of yourselves,
Love
Keyvan
LeS dOiGtS bLeUs Collective
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Poèmes écrits sur cartes postales
L'oeuf
Telle une caille qui pond des oeufs pour l'hiver
je pose un mot à côté de l'autre pour les faire rimer ;
de chacun d'eux un petit oiseau grivelé va s'envoler ;
si vous ne faites pas de bruit, il se mettra à chanter.
Le sucre
Le sucre perce-neige de cuisine
la glace se fondra en mai des tasses
une vision se fondant en état d'éveil
douceurs passagères, douceurs de chaque jour.
Le parapluie
Un optimiste aime à te porter dans son âme, ô parapluie !
le matin de soleil brille, le soir il tombe de l'eau
si parfois tu es mouillé jusqu'aux os
ne te désespère pas, mon frère, cela va sécher.
Le sifflet
Au milieu des célèbres amoureuses et des rois
je joue comme Giotte d'un petit sifflet,
des pâquerettes poussent dans le jardin
et moi, j'ai la nostalgie de l'amour.
Vítezslav Nezval
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October Prayer
Change me, oh God,
Into a tree in autumn
And let my dying
Be a blaze of glory!
Drape me in a
Crimson, leafy gown,
And deck my soul
In dancing flakes of gold!
And then when Death
Comes by, and with his hands
Strips off my rustling garment
Let me stand
Before him, proud and naked,
Unashamed, uncaring,
All the strength in me revealed
Against the sky!
Oh, God
Make me an autumn tree
If I must die!
Esther Popel
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Le tiers chant
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu'on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Je suis la croix où tu t'endors
Le chemin creux qui pluie implore
Je suis ton ombre lapidée
Je suis ta nuit et ton silence
Oubliée dans ma souvenance
Ton rendez-vous contremandé
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu'on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Le mendiant devant ta porte
Qui se morfond que tu ne sortes
Et peut mourir s'il est tardé
Et je demeure comme meurt
A ton oreille une rumeur
Le miroir de toi défardé
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu'on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Louis Aragon
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Ditty of First Desire
In the green morning
I wanted to be a heart.
A heart.
And in the ripe evening
I wanted to be a nightingale.
A nightingale.
(Soul,
turn orange-colored.
Soul,
turn the color of love.)
In the vivid morning
I wanted to be myself.
A heart.
And at the evening's end
I wanted to be my voice.
A nightingale.
Soul,
turn orange-colored.
Soul,
turn the color of love.
Federico Garcia Lorca
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La vie profonde
Etre dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre ;
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Etre le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Anna de Noailles
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Flag Salute
(Note: In a classroom in a Negro school a pupil gave as his news topic during the opening exercises of the morning, a report of the Princess Anne Lynching of October 18, 1933. A brief discussion of the facts of the case followed, after which the student in charge gave this direction: pupils, rise, and give the flag salute! They did so without hesitation!)
"I pledge allegiance to the flag"--
They dragged him naked
Through the muddy streets,
A feeble-minded black boy!
And the charge? Supposed assault
Upon an aged woman!
"Of the United States of America"--
One mile they dragged him
Like a sack of meal,
A rope around his neck,
A bloody ear
Left dangling by the patriotic hand
Of Nordic youth! (A boy of seventeen!)
"And to the Republic for which it stands"--
And then they hanged his body to a tree,
Below the window of the county judge
Whose pleadings for that battered human flesh
Were stifled by the brutish, raucous howls
Of men, and boys, and women with their babes,
Brought out to see the bloody spectacle
Of murder in the style of '33!
(Three thousand strong, they were!)
"One Nation, Indivisible"--
To make the tale complete
They built a fire--
What matters that the stuff they burned
Was flesh--and bone--and hair--
And reeking gasoline!
"With Liberty--and Justice"--
They cut the rope in bits
And passed them out,
For souvenirs, among the men and boys!
The teeth no doubt, on golden chains
Will hang
About the favored necks of sweethearts, wives,
And daughters, mothers, sisters, babies, too!
"For ALL!"
Esther Popel
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Les ombres sont chinoises
J'étais en train hélas de me tordre de rire,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
lorsqu'apparut soudain la femme dans ma vie,
dans ma vie éphémère, intime par surcroît.
Ne sachant plus du tout quoi dire ou ne pas dire,
j'en riai de plus belle: elle en fut ébahie.
Nous étions devenus deux clowns inséparables,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
lorsqu'apparut soudain une ombre dans ma vie,
notre vie éphémère, intime par surcroît.
N'ayant jamais été qu'un enfant vulnérable,
j'en riai de plus belle: elle en fut ébahie.
Comme on prend et remet une fleur dans un vase,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
depuis cet inconnu s'amuse avec nos vies,
notre vie éphémère, intime par surcroît.
Un théâtre est mon coeur, les ombres sont chinoises,
le pardon est le seul pleur de ma fantaisie. .
Giani Esposito
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Oblivion
From the French of Massillon Coicou ( Haiti )
I hope when I am dead that I shall lie
In some deserted grave--I cannot tell you why,
But I should like to sleep in some neglected spot,
Unknown to every one, by every one forgot.
There lying I should taste with my dead breath
The utter lack of life, the fullest sense of death;
And I should never hear the note of jealousy or hate,
The tribute paid by passers-by to tombs of state.
To me would never penetrate the prayers and tears
That futilely bring torture to dead and dying ears;
There I should lie annihilate and my dead heart would bless
Oblivion--the shroud and envelope of happiness.
Jessie Redmon Fauset
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Au jardin de l'oubli
Un enfant s'est perdu dans un jardin d'enfants,
une fleur a poussé au jardin de l'oubli,
et la foule attendrie raconte et se promène.
Ah l'enfant ! Ah la fleur! Ah la foule ! Ah l'oubli !
Et un fou se croit seul dans un jardin de fou
et un roi se croit roi au jardin de l'oubli.
Et la foule attendrie raconte et se promène.
Ah le fou ! Ah le roi ! Ah la foule ! Ah l'oubli !
Giani Esposito
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Sonnet of the Sweet Complaint
Never let me lose the marvel
of your statue-like eyes, or the accent
the solitary rose of your breath
places on my cheek at night.
I am afraid of being, on this shore,
a branchless trunk, and what I most regret
is having no flower, pulp, or clay
for the worm of my despair.
If you are my hidden treasure,
if you are my cross, my dampened pain,
if I am a dog, and you alone my master,
never let me lose what I have gained,
and adorn the branches of your river
with leaves of my estranged Autumn.
Federico Garcia Lorca
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La valse des geignards
A être trop choyé
on en devient geignard.
A avoir trop raison
on en devient bavard.
A avoir trop raison
on en devient geignard.
A être trop choyé
on en devient bavard.
A être trop aimé
des enfants et des femmes,
on devient à la fois
innocents et informes.
A trop penser à soi
on fait le grand détour,
on se perd trop souvent
pour se trouver un jour.
Plus seul qu'une orchidée
parmi les marguerites,
ou qu'une sentinelle
au fond de sa guérite,
plus seul que dans un champs
de boeufs à la besogne,
et plus seul qu'un ivrogne
avec d'autres ivrognes.
Où en étais-je ? Ah oui !
A trop penser à soi
lentement on s'enlise,
aussi vrai qu'ici bas
moins on sait où l'on va,
plus on s'y précipite,
et plus on est petit
moins on voit ses limites.
Giani Esposito
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Brother and Sister
"Sister, sister, go to bed!
Go and rest your weary head."
Thus the prudent brother said.
"Do you want a battered hide,
Or scratches to your face applied?"
Thus his sister calm replied.
"Sister, do not raise my wrath.
I'd make you into mutton broth
As easily as kill a moth"
The sister raised her beaming eye
And looked on him indignantly
And sternly answered, "Only try!"
Off to the cook he quickly ran.
"Dear Cook, please lend a frying-pan
To me as quickly as you can."
And wherefore should I lend it you?"
"The reason, Cook, is plain to view.
I wish to make an Irish stew."
"What meat is in that stew to go?"
"My sister'll be the contents!"
"Oh"
"You'll lend the pan to me, Cook?"
"No!"
Moral: Never stew your sister.
Lewis Carroll
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Le corps est Abelard
De l'île de la cité
aux vignobles de la Montagne Sainte
Geneviève, à Paris - au Xll° siècle -
Du rond-point de la Défense
à la plus haute tour, dite de Mont
Parnasse - aujourd'hui :
Le corps est Abélard et l'âme est Héloïse,
ils vivent l'un pour l'autre, intimes quoi qu'on dise.
aux jeux du moyen âge, aux forces d'aujourd'hui,
c'est l'amour qui commence et la mort qui finit.
Giani Esposito
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My Fairy
I have a fairy by my side
Which says I must not sleep,
When once in pain I loudly cried
It said "You must not weep"
If, full of mirth, I smile and grin,
It says "You must not laugh"
When once I wished to drink some gin
It said "You must not quaff".
When once a meal I wished to taste
It said "You must not bite"
When to the wars I went in haste
It said "You must not fight".
"What may I do?" at length I cried,
Tired of the painful task.
The fairy quietly replied,
And said "You must not ask".
Moral: "You mustn't."
Lewis Carroll
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Ils sont morts a plusieurs
C'est à dire chacun seul
sur une même potence qu'on nomme territoire
leurs yeux argiles ou cendres emportent la montagne
en otage de vie.
Alors la nuit
la nuit jusqu'au matin
puis de nouveau la mort
et leur souffle dernier dépose dans l'espace la fin du mot.
Quatre soleils montent la garde pour empêcher
le temps d'inventer une histoire.
Ils sont morts a plusieurs
sans se toucher
sans fleur a l'oreille
sans faire exprès
une voix tombe: c'est le bruit du jour sur le pavé.
Crois-tu que la terre s'habitue a tourner?
Pour plus de précision ils sont morts a plusieurs
par besoin de mourir
comme on ferme une porte lorsque le vent se lève
ou que la mer vous rentre par la bouche...
Alors
ils sont bien morts ensemble
c'est-à-dire chacun seul comme ils avaient vécu.
Nadia Tueni
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Resignation
I love you
because the Earth turns round the sun
because the North wind blows north
sometimes
because the Pope is Catholic
and most Rabbis Jewish
because winters flow into spring
and the air clears after a storm
because only my love for you
despite the charms of gravity
keeps me from falling off the Earth
into another dimension
I love you
because it is the natural order of things
I love you
like the habit I picked up in college
of sleeping through lectures
or saying I'm sorry
when I get stopped for speeding
because I drink a glass of water
in the morning
and chain-smoke cigarettes
all through the day
because I take my coffee Black
and my milk with chocolate
because you keep my feet warm
through my life a mess
I love you
because I don't want it
any other way
I am helpless
in my love for you
It makes me so happy
to hear you call my name
I am amazed you can resist
locking me in an echo chamber
where your voice reverberates
through the four walls
sending me into spasmatic ecstasy
I love you
because it's been so good
for so long
that if I didn't love you
I'd have to be born again
and that is not a theological statement
I am pitiful in my love for you
The Dells tell me Love
is so simple
the thought though of you
sends indescribably delicious multitudinous
thrills throughout and through-in my body
I love you
because no two snowflakes are alike
and it is possible if you stand tippy-toe
to walk between the raindrops
I love you
because I am afraid of the dark
and can't sleep in the light
because I rub my eyes
when I wake up in the morning
and find you there
because you with all your magic powers were
determined that
I should love you
because there was nothing for you but that
I would love you
I love you
because you made me
want to love you
more than I love my privacy
my freedom my commitments
and responsibilities
I love you `cause I changed my life
to love you
because you saw me one friday
afternoon and decided that I would
love you
I love you I love you I love you
Nikki Giovanni
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Poème de la solitude
Ils ne savent pas ceux qui ne vivent pas seuls,
comme le silence fait peur;
comme l'homme solitaire se parle;
comme il court vers les miroirs,
en quête d'un être vivant,
Ils ne savent pas.
Orhan Veli Kanik
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Ode 314
Those who don't feel this Love
pulling them like a river,
those who don't drink dawn
like a cup of spring water
or take in sunset like supper,
those who don't want to change,
let them sleep.
This Love is beyond the study of theology,
that old trickery and hypocrisy.
If you want to improve your mind that way,
sleep on.
I've given up on my brain.
I've torn the cloth to shreds
and thrown it away.
If you're not completely naked,
wrap your beautiful robe of words
around you,
and sleep.
Djalâl-ûd-Dîn Rûmî
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L’ empreinte
Je m'appuierai si bien et si fort à la vie,
D'une si rude étreinte et d'un tel serrement
Qu'avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s'échauffera de mon enlacement.
La mer, abondamment sur le monde étalée,
Gardera dans la route errante de son eau
Le goût de ma douleur qui est âcre et salée
Et sur les jours mouvants roule comme un bateau.
Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir
Et la cigale assise aux branches de l'épine
Fera crier le cri strident de mon désir.
Dans les champs printaniers la verdure nouvelle
Et le gazon touffu sur les bords des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.
La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l'air ma persistante odeur
Et sur l'abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon coeur.
Anna de Noailles
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Rules and Regulations
A short direction
To avoid dejection,
By variations
In occupations,
And prolongation
Of relaxation,
And combinations
Of recreations,
And disputation
On the state of the nation
In adaptation
To your station,
By invitations
To friends and relations,
By evitation
Of amputation,
By permutation
In conversation,
And deep reflection
You'll avoid dejection.
Learn well your grammar,
And never stammer,
Write well and neatly,
And sing most sweetly,
Be enterprising,
Love early rising,
Go walk of six miles,
Have ready quick smiles,
With lightsome laughter,
Soft flowing after.
Drink tea, not coffee;
Never eat toffy.
Eat bread with butter.
Once more, don't stutter.
Don't waste your money,
Abstain from honey.
Shut doors behind you,
(Don't slam them, mind you.)
Drink beer, not porter.
Don't enter the water
Till to swim you are able.
Sit close to the table.
Take care of a caIldle.
Shut a door by the handle,
Don't push with your shoulder
Until you are older.
Lose not a button.
Refuse cold mutton.
Starve your canaries.
Believe in fairies.
If you are able,
Don't have a stable
With any mangers.
Be rude to strangers.
Moral: Behave.
Lewis Carroll
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Visionnaire
Il y a des tonnes de drogues douces qui poussent dans nos quartiers,
Les âmes perdues s'y trouvent comme du tissu au Sentier,
Des vies en chantier, la fantaisie transforme en rentier,
Des lascars qui s'en foutent puisqu'ils en veulent au monde entier.
Une vie qui ressemble à un espoir kidnappé, une ville nappée, par la pollution drapée, attrapé,
Virus, quotidien rappé, détails captés, retranscrits, parfois déformés.
On fait l'effort mais, le plus dur, c'est la barrière à franchir,
On n'va quand même pas passer nos vies à réfléchir, faudrait agir,
Peut-être, à moins qu'on soit tous là pour poser.
Osons ! Si il faut oser en causer,
Ben causons ! Mais avant d'être ankylosés, avisons! Divisons
Les tâches, le taf à faire et construisons
Autre chose que ce qu'ils nous ont réservés.
On peut vivre où on vit et en même temps être préservé.
Il y a des tonnes de drogues douces qui poussent dans nos quartiers,
Les âmes perdues s'y trouvent comme du tissu au Sentier,
Des vies en chantier, la fantaisie transforme en rentier,
Des lascars qui s'en foutent puisqu'ils en veulent au monde entier.
"Tu veux les avantages du quartier, t'auras les inconvénients.
Ta cité c'est pas ta mère et si tu crèves elle aura d'autres enfants !"
J'me bats, contre la guerre entre le démunis, j'veux frères, sœurs,
Soudés comme les Etats-Unis sans le Ku Klux Klan,
Sans les "players" et les gangsters à deux francs. Coup franc,
Mal de vivre placés sur le banc des accusés. J'ai vu des jeunes désabusés tiser,
Attisés par la mouise ils visent et plantent des lames aiguisées,
Mais ça tu l'sais !
Même si ces rimes apportent le succès,
J'ai fixé mon objectif : éviter l'excès.
Mec c'est peut-être pas ce qui me rendra millionnaire,
Mais si on parle de moi plus tard on dira qu'j'étais visionnaire...
Fabe
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I Shall Not Return
I shall not return. And night, mildly warm, serene and silent, will lull the world, under beams of its solitary moon.
My body will not be there, and through the wide-open window, a refreshing breeze will come inquiring for my soul.
I don't know if any await the end of my double absence, or who will kiss my memory amidst caresses and weeping.
But, there will be stars and flowers, there will be sighs and hopes, and love in the avenues in the shadows of the trees.
And that piano will be playing as in this untroubled night, and no one there to listen, pensive, by my window frame.
Juan Ramon Jimenez
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Paradisiaque
Viens dans les quartiers voir le paradis
Où les anges touchent le RMI
Ici le scooter est le véhicule
Et les beepers pullulent
C'est d'un pas léger qu'arrive l'huissier
Accompagné du serrurier
Les idoles des jeunes sont des porno-stars
Voire Pablo Escobar
Si les anges ont des ailes ici les gosses volent
Demande à Interpol
Ils ont des pogs et songent à leur jacuzzi
A chacun son paradis
Je suis au 7e ciel
Ma tour est plus belle que celle de Babel
Je vais à l'école buissonnière. Je gère.
Et dans la ville j'erre
Ne me parle pas de travail à la chaîne
J'veux pas finir comme Kurt Cobain.
Le maire deale douze idées dans le quartier
Et les parents s'en vont voter
Il a des récits propres
Offrent le bonheur comme un clip de Réciprok
Il lève les bras se balance pour qu'on vote pour lui
A chacun son paradis
Quand tu joues aux billes, je joue au golf
Ballesteros c'est mon prof
Depuis le Mont-Sinaï, je prêche
A des sumos qui rêvent de saut à la perche
Arrimé à la rime, je trime sans frime contre le crime
Un dream clean, poussé par la base B.I.E.M.
J'suis pas le boss des boss
Le paradis pour moi est de voir grandir des gosses
Les protéger de la pluie
Constate ceci : Claude MC bronze la nuit
Demande à Claudia. J'ai plein de tours de magie
Pour faire de l'enfer un paradis
MC Solaar
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Poem
I am like a distracted child
whom they drag by the hand
through the fiesta of the world.
My eyes cling, sadly,
to things...
And what misery when they tear me away from them.
Juan Ramon Jimenez
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